31 mars 2007

Lettres du Rien: Tu te rappelles...

Tu te rappelles...

Tu te rappelles
Quand tu rêvais encore
Quand cette boue de ciel
Elle t'enlaçait de vagues plaqué or

Tu te souviens
Quand les étoiles dehors
Etaient encore filantes
Quand elles défiguraient la nuit

Tu te rappelles
Quand s'étouffaient nos blessures
Dans le silence
En démesure de nos aveux d'enfance

Y avait plus d'hiver
La neige
Elle nous tombait l'été
Elle nous tombait dessus
En douces plumes glacées
En frissons passionnés

Tu te souviens
Qu'on s'enrubannait de rien
De nos habits aux étoiles
Taillés à nos mains
à nos souffles tourmentés
En gouttes d'eau saccadées
Rivées à nos roulis un peu givrés

Y avait plus d'été
Le soleil
Nous brûlait plus les yeux
Nous brûlait plus nos nords
Cramait moins fort qu'à deux
En libellules sans effort
De l'écume encore encore

Tu te rappelles
Que cramponnés
A nos prunelles
Nos infinis n'étaient pas loin
Les avions même dépassés
Nos quarantièmes rugissants
A nos finis vagabondant

Tu te souviens
Que ces hiers sont pour demain.

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25 mars 2007

Des rêves mal ancrés...

Tu voudrais que je t'emmène dans mes rêves, mais mes rêves sont branchés sur mes voyages vers l'autre, mon ailleurs, ce truc que je connais pas. Si je t'emmène dans mes rêves, tu vas te retrouver toi... C'est peut-être pas cool mais tu verras tes rêves à toi aussi, avec moi... Même si, j'suis pas ton rêve, moi. Ca te fera un lot de consolation... Non ?

Moi, mes illusions, elles sont enterrées par ma pudeur... J'sais qu'elle est mal placée, celle-là... Mais qu'est-ce tu veux ?... Mes tchatches avec Morphée, j'les ai mises sous scellés... J'ai peur... J'ai peur de les dire, de les montrer... Peur d'être à côté... Et peut-être, fier de l'être, aussi...

Je sais plus. Je sais. Tout ça est si bien ancré... Je suis comme ces marins aux bateaux qui ne lèvent jamais l'ancre... Qui se racontent sur le coin du comptoir d'un rade, des voyages qu'ils ont faits, peut-être un peu vrais, peut-être un peu dans leur tête... Ils n'ont sûrement pas tout inventé... Mais leur réalité n'est qu'une version adaptée...

Se mentir à soi-même pour éviter de faire mal... Trouver une raison, un scénario pour transformer ce récit boiteux en histoire de ciel bleu.

Oui, je sais...
Cette nuit, j'ai peut-être rêvé... Mais va savoir si c'est que j'ai oublié ou si, en fait, c'est que mes songes ne marchent plus...
Mais j'ai plus envie de rester là, ça, je te le promets... J'vais essayer de retrouver les clefs... Sont peut-être juste sous le paillasson, qui sait, mais faut que je retrouve mon palier...

Oui, je sais... Faut que j'arrête de trouver des fausses raisons... Allez, promis, je lève l'ancre et je reprends la mer bientôt...

*merci*

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20 mars 2007

Un court version accéléré

Hier j’ai vu la vie au travers du miroir. Une version accélérée en blanc et noir. J’ai eu envie de pleurer et je l’ai fait. C’était pas de la tristesse pas même de la gaieté. C’était un truc que tu ne sais pas, qui te revient de loin, qui te brise la tête et la mets en miettes. Et puis, tu t’arrêtes. Tu te dis… Qu’il y a encore des choses à faire. Que t’es pas tout seul même si… Qu’y a encore de l’espoir car y en a qui font le constat. De cette vie accidentée. Pas besoin d’assurance, on va la réparer… Un peu à la Mc Gyver (ah oui, lui, il te faisait rêver…), on va mettre des bouts de scotch sur ce papier crépon… Il aura sûrement une sale gueule, ton petit bonhomme aux yeux ronds... Mais il bouffera les barrières, les pavés ; il passera les ornières… Il te remontera ce truc que tu sais pas vraiment… Mais qu’est là tout au fond… Et cette fois-ci, tu passeras peut-être le pont.

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17 mars 2007

Ce n'est rien


Non, ce n'est rien... Tu sais... Je connais pas la formule... J'ignore ce que c'est que la meilleure façon de marcher. Non, ça je sais pas. Faut juste regarder droit devant, viser l'étoile où l'on veut aller, lever les pieds et avancer. C'est sûr qu'à un moment donné, y aura une marche ou un pavé, qu'on s'y prendra les pieds. Mais il y a des désinfectants, des pansements... Si, si, je te jure... Y a même des murs où les pierres sont pas scellées... Mais bon, ça tu sais... On peut même en rigoler... C'est comme les étoiles, elles sont pas toutes accrochées... Y en a qu'on peut décoller... Regarde toi... Faut juste les remettre dans le ciel si elles brillent plus quand tu les as entre tes doigts. Oui,je sais... Mais tu sais, c'est jamais un tatouage, juste une décalcomanie malabar... Ca part au bout de quelques lavages.
Non, vraiment, je connais pas du tout la meilleure façon de marcher... Mais j'ai juste envie d'avancer et d'emmener avec moi ce que je pense qui compte... Et tu comptes un peu... C'est pas que des mots.

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Travelling avant arrière

Te rappelles-tu, toi ? M’en souviens plus, moi… Une vague idée, une idée vague, un flou de distance, cette brise qui virait en démence, un truc d’enfant, le cœur gros mais je sais plus comment.

T’en souviens-tu ? Je me rappelle en petites gouttes qui s’amoncellent. En petites minutes, quelques secondes qui s’égrenaient des heures. Je me rappelle… Y avait pas de vent mais t’étais là. Tu t’en souviens de ce futur, de cette note qu’on ne se promettra pas, pour qu’elle dure l’espace d’une éternité ?

Tu te rappelles de ce jeu, quand on se cachait à découvert, à coups de vers dans les verres.

Ca y est. M’en rappelles plus… Tour du bocal. Plus de verre et que du vert, couleur espoir.

T’en souviendras-tu que tu auras peut-être passé la frontière ? Tu t’en souviendras, hein ?

Dis-moi

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12 mars 2007

Je rêve de rien

Je rêve de rien. J'ai des papillons aux ailes vermillon devant les yeux, des idées noires pour deux. J'avais un bébé à partager avec toi, mais j'avais... T'inquiètes pas, ce n'est rien... Y aura bien une gosse paumée ou une catin pour l'adopter. Non, tu vois, c'est fini de rêver, c'est fini de tourner sur le manège de la vie sur ton poney de misère. Tu penses à quoi, là maintenant ? Toi qui ne rêvais de rien, qui ne faisais que vivre ton destin. Avec tes larmes de crocodile que j'essuyais chaque fois, j'ai vaporisé un brouillard de pluie. Pour cacher l'absence, le silence et peut-être la mort. Oui peut-être la mort, non sûrement... Après tu t'en rappelles plus vraiment.
Alors tu vois, je ne rêve plus à rien, je ne survis qu'au travers des mots qui s'écrivent tous seuls comme ça et comme ça, c'est peut-être bien. Je te dis ça mais tu t'en fous. T'as regagné ton ghetto, tu finis de bousiller les ailes que t'avais dans le dos.
Alors tu vois, ferme les yeux, endors-toi... Serre fort contre toi ton Winnie... On se retrouvera, sûrement pas au paradis mais peut-être en enfer.
Alors tu vois, éteins la lumière qui n'est pas, baisse les paupières, laisse-moi qu'une trace de sang, une vague de parfum sur mes draps. Laisse-moi.
De toutes les manières, on se retrouvera pour faire l'amour ou pour faire la guerre.

Tilou, Orléans, le 11 mars 2007

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10 mars 2007

Viens

Je veux t'arracher tes rêves d'enfant
Je veux décoller tes mains de la vitre
Je veux emmener tes nuages
Sur la place de Grève
Un ange sans destin n'est plus un ange
Un ange qui sent sa fin
Il n'a plus de lumière dans ses yeux de gamin
Alors voilà
Pourquoi je voudrais te prendre par la main
T'emmener voir la mer et te perdre dedans
Je veux te noyer dans ces eaux
Je veux t'enlever tout ce qui n'est pas beau
Je veux t'envoyer voir les étoiles
Y en aura sûrement une pour toi
La mienne, je l'ai perdue
Et je t'ai trouvé toi
Alors viens
Prends ton crayon
Et viens dessiner une nouvelle voie lactée
Laisse la feuille de papier s'envoler
Je veux t'emmener dans une prose que tu connais pas
Je veux apprendre à regarder la vie de travers
Je veux et je ne veux pas être en panne de mot
Je veux pas finir ce texte, y mettre le point
Pourtant il faudra bien
Alors viens, on va se taire
On ne va plus dire nos mots
On va oublier nos maux
On va entremêler nos textes
On va mélanger nos larmes
et recréer la mer
Lors on pourra y retourner là-bas
Ce pays où l'on croyait qu'on ne retournerait pas
Alors viens, on va écorcher nos silences
Alors viens, on y va ?

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06 mars 2007

Les enfants du rien


A ces enfants du rien
A ces bambins destin
A ces gosses de l'été
Qu'on balaye à l'automne
A ces anges suicidés
Lorsqu'on les abandonne

Ils sentent le mouillé
De l'orage qu'est passé
Ils sentent le pêché
Des fruits un peu pourris
Les rêves défraîchis
De l'envie de l'ennui

J'ai le mal de mère oui
J'étale leur vie
Devant les temples, les mosquées, les églises
Dans les rues denses, sur les quais gris
Mais y a personne qui veut qu'on le dise
J'ai le mal de terre oui

Ils n'ont de droit
Que dans l'oubli
Et c'est pas toi
Qui dira non, ni oui

J'écris leurs songes
Sous les mensonges
Des origines de leurs vies
J'écris, j'éponge
Ces inepties
Et je prolonge
Un peu leurs "si"

J'ai le mal de mer
Quand je t'écris
Je n'oublie pas vos mères
Je n'ai pas réussi
J'ai le mal de cette terre
A mes enfers inscrit

C'aurait été le paradis
Mais le paradis
C'est pour les autres
Ceux qui sont sans envie
Mes mots sont des non-dits
Mes mots sont pas les vôtres

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04 mars 2007

A toi

Ce matin, je suis las.
Et je suis là et je t’écris à toi,
l’enfant que je n’ai pas eu,
à l’enfant que j’ai conçu
dans mes rêves et dans ce ventre qui s’en est foutu.
Je t’écris à toi les mots que je n’ai pu te dire quand tu es parti.
Sûrement que tu n’aurais pas compris,
toi qui n’étais qu’un amalgame de cellules, un être trop petit,
conçu dans un épisode de vie rose bonbon.
Ce n’était pas vraiment voulu mais qui sait vraiment ?
Ce matin, j’imagine que tu aies décidé de rester,
histoire de faire ce petit bout de route avec elle
et peut-être avec moi.
Oui, je sais,
tout cela n’était pas vraiment beau mais qui sait.
Je t’aurais dit que ta Maman était la plus jolie
même foutue de ses petites misères.
Elle t’aurait donné tout,
peut-être à l’envers sûrement.
Je t’aurais dit qu’on ne maîtrise rien,
pas même sa propre vie.
On se contente de suivre et se débattre.
On vit, on vogue, vaille que vaille.
Peut-être que c’est toi qu’as pas voulu en fin compte…
Alors je t’écris ce mot d’adieu
et je l’envoie à la mer qui l’emportera loin de moi, de nous
mais sûrement tout près de ton étoile.
Ce matin, je suis las
parce que tu n’as jamais été là
mais je me dis que c’est peut-être mieux
à défaut d’être bien.
Sois sûr d’une chose : je te garderai, comme ta mère,
pour toujours en moi.

Tilou, Orléans, le 2 mars 2007

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02 mars 2007

Ne le dis pas


Ne le dis pas, ne le dis à personne… Mais je crois que je penserai à jamais et toute ma vie à toi. Toi qui me rappelles tellement d’instants de délires, de moments de bonheur et d’heures d’attente. Ce n’est pas ma faute si justement, ma vie est juste faite de ces graines de minute. Ce n’est pas ma faute à moi, si mon cerveau déraille comme ce n’est pas ta faute à toi si tes failles, tu ne les vois pas. C’est comme les miennes… Même si tu ne le crois pas. Alors ne le dis pas, comme je ne te dirai pas « je t’aime » comme la première fois.

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01 mars 2007

A l'orée du matin, l'enfant regarde la mer
La marée montante de lumière
Et les murs de béton
Les nuages s'en vont
En arrachant les étoiles du fond
On dirait qu'il va faire clair
peut-être à l'horizon

L'enfant ramasse les bouts de plâtre
Arrachés aux murs sans teint
Les glisse dans sa poche
Comme des bonbons
"Ca sera pour demain matin"

pour lui

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