30 octobre 2006

Fatal Flow (ou Last one)

Le brouillard stagne sur la ville ;
Elle sent le rance futile ;
C’est comme ça depuis des jours,
Le temps s’affiche sans détour ;

Drôle de jour où j’ai compris ;
Elle fut triste cette nuit,
Com’ cet ange de pacotille,
Pour la saison qui se maquille ;

Dix ans déjà ces Coups de vent,
Ces Aléas qu’on ne comprend ;
Et me voilà, je réécris
Les mêmes douleurs et leurs cris ;

Tu ne connais pas ma fêlure
Tu ne connais le goût du sang,
Tu ne connais ma vie d’avant,
Tu n’as rien su de ces brûlures ;

Y en a qui disent : c’est joli,
Ce qu’il y a dans mes écrits ;
Pauvres cœurs à peine meurtris
Dans leur petit monde inscrits ;

C’est la vie et c’est comme ça,
Il fallait pas, quelle ironie…
Pour cette plaie jamais guérie,
Mais c’est la vie, c’est comme ça ;

Alors tu vois, je vais te dire
Là où il ne faut pas aller ;
T’auras le choix de t’en aller
Ou persister dans ton délire ;

Tu connais très bien ta fêlure,
Tu sais un peu le goût du sang,
Tu connais ta vie à l’instant,
Tu sais que trop bien tes brûlures ;

Tu attends de l’amour du vent,
Là où tu voudrais tant un père,
Tu ne récupères qu’un amant
Flanqué d’un amour suicidaire ;

Alors comment faire ta vie,
Inventer un futur de guerre ?
L’amour est loin de ta misère,
De tes tourments, ton ironie ;

Alors continue de payer
Ce qui ne t’appartient ou pas ;
Alors continue d’enterrer
Ton cœur dans cette alcôve ou pas ;

Continue de te faire croire
Que l’amour est une dette ou pas ;
Continue de te faire croire
A ton chemin de croix ou pas ;

Laisse ton amour tout chagrin,
Fais sauter tes chaînes mentales,
Pars vers cet ailleurs idéal,
Pars vers ton amour, ton dessein ;

Tu le veux lui, pour lui, pour toi,
Porté toutes voiles dehors ;
Tu voudrais et tu ne veux pas
Que ton navire ne soit d’or ;

Tu voudrais une mer houleuse
Qui vous emporterait très loin
Des habitudes ennuyeuses
De cet habituel train-train ;

Il t’offrira de belles fleurs
Qui fleuriront ton ventre rond,
Il t’offrira de longues heures
Ornées d’amour et de passion ;

Vous aurez quatre grands murs blancs
Que vous décorerez de roses
Sentant des parfums enivrants
Qui vous sortiront du morose ;

Il t’emmènera, tout là-haut,
Jusqu’à l’étoile où il est né,
Sous les cieux les plus beaux
Tu seras heureuse, juré !

Alors vous resterez là-bas,
Tous les deux, pour toujours, enfin !
Et vous regarderez en bas
Se fatiguer tous ces crétins

Et devant leurs visages blêmes
Ils verront ces cons que tu aimes !
Alors tu vois, c’était mon rêve…
Ferme les yeux, l’aube se lève ;

Alors prends-le comme le tien,
Moi je n’ai su que te l’écrire ;
Drôle de jour que ce matin
Où Aléas devra mourir.

Alors prends-le comme le tien,
Même que le je voudrais nôtre ;
Drôle de jour que ce matin
Où j’garde le regret d’un autre ;

Alors prends-le comme le tien,
Y a pas de fumée sans feu,
Y a pas de fatal destin,
On s’aimera dans d’autres lieux ;

Alors prends-le comme le tien,
C’est le plus beau cadeau que j’ai,
Ce ne sont que des mots, enfin,
C’est plus que ça, je le promets ;

Alors prends-le comme le tien,
Et ce n’est pas qu’une caresse,
Ce n’est pas qu’un billet de rien,
C’est de mon cœur une promesse

Je t’aime, tu sais, tu me manques,
Je n’entends pas bien ton silence,
T’es à mon cœur sa calanque,
Tu gardes cette place immense ;

Je voudrais être ta peluche
Mais maudite cette distance ;
Tu m’as recueilli en ta ruche
Tu m’as redonné la confiance ;

Alors qu’importe où cette vie
M’emmènera, ailleurs, à toi ;
Tu restes à jamais, ma mie,
Mon petit paradis à moi.

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27 octobre 2006

J'aurais autant aimé écrire ce mot autant que je voudrais l'entendre me le dire..

25 octobre 2006

Invitation

Où vas-tu Piti Cœur,
Perdu sur la banquise
Il n’y a plus de brise
Même plus un rameur

Je veux bien te chercher
Je veux bien t’emmener
Mais sur cette banquise
Faut laisser ta valise

D’autres là Pitis Cœurs
Comme toi reviendront
Ils prendront le caisson
L’enverront au bonheur

Prends-moi comme valise
Je suis qu’un baluchon
Léger comme chiffon
Fais fondre la banquise

Rappelle-toi Piti Cœur
La mer qui nous trempait
Quand nos corps s’enlaçaient
En fusion de bonheur

Y avaient des lacunes
Comme y a des lagunes
Sur la plage mouillée
Comme après la marée

T’en vas pas Piti Cœur
Ton gilet sur le dos
C’est un filet trop gros
Sinon de froid tu meurs

Je veux bien te nager
Je veux bien te ramer
Voir ces autres lieux
Voir ces autres cieux

C’est pas le paradis
C’est juste un petit nid
Où je pourrais t’aimer
Que tu pourrais aimer

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24 octobre 2006

Inventer le futur (corrigé)

Inventer le futur
Les mots de la tendresse
De la vie, des caresses
La nuit faire à mesure

J’ai le blues de tes yeux
Comme la mer qui rage
Comme le ciel si sage
Dans mon cœur malheureux

Toujours devant ce corps
Mes pupilles à l’eau
Même que je les clos
Elle y sera encore

J’ai tant à te donner
Sans avoir à te prendre
J’ai tant à désapprendre
Sans vouloir te voler

Je rêve de ces nuits
Où je ne suis pas là
Au fin fond de tes draps
Dans le creux de ton lit

La forêt ravinée
Sent l’humus de l’automne
Cet instant qu’on pardonne
Dans l’air électrisé

Les cimes se relèvent
Et s’en vont au lointain
Hors la folie des mains
Qui cherchent notre sève

O ma Muse divine
Ouvre-moi une porte
Celle qui te rend forte
Sous la lune câline

Souviens-toi de ce temps
Où le froid trahissait
Ton corps, tes seins de lait
N’oublies pas, souviens t’en

J’aurais voulu tenir
Tes petites menottes
Qu’au vent glacial grelottent
Et puis après mourir

Désarticule amère
Les vers du fond du cœur
Dans ton esprit qui meurt
Bois ces mots délétères

Mon opium n’a de heurts
Distillé dans les eaux
Après tourments mentaux
Ma folie en ma fleur

Enfant, j’ai voulu tant
Bâtir des illusions
Faire révolution
Faire comme les grands

Ce pays me résonne
Comme un désert lointain
On va main dans la main
Là-bas où l’on s’étonne

On écrit, on décrit
Mais rien ne vaut tout l’or
De cette île qui dort
Sous le satin bleu nuit

Quelle folie d’y croire
Même un tout petit peu
De vouloir être heureux
De vouloir cet espoir

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23 octobre 2006

Mon cœur… Mon amour.

A mon ange

C’est un petit cœur rose
Qui rame dans sa vie
Le cuir plein d’ecchymoses

Le bonheur aujourd’hui ?
Petit cœur n’y croit pas
Croire à cette folie…

C’est un petit cœur rose
Qui nage dans sa vie
Le bonheur en sa rose

Un jour peut-être d’elle
Vous verrez ce qu’elle est
Ephémère arc-en-ciel

C’est un petit cœur rose
A qui je donnerai
Ce bonheur qu’elle n’ose

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21 octobre, 17h45.

Avec ton message de la veille, je me suis dit qu’il fallait que je sois là pour toi, que j’entende ta voix pour savoir comment t’allais. J’ai composé ton numéro. Tu n’as pas répondu. Je suis sorti sous la pluie et j’ai entendu ta musique, cette musique d’avant qui m’annonçait un « Je t’aime » ou un truc approchant. Je n’ai pas su ce qu’il fallait que je comprenne. J’ai eu l’impression d’un message d’avant avec le « bisou », sans le « je t’aime », c’est tout. Ai-je rêvé ? Je ne sais pas. J’ai composé un message « Pas vu d’ange hier soir… Et toi… bisous ». Je ne sais pas pourquoi j’ai écrit ça. Me suis dit que tu comprendrais sûrement. Je ne sais même pas si je voulais écrire « Pas vu d’ange hier soir… Ni toi… » ou « Pas vu d’ange hier soir… Et toi ? » ou peut-être « Pas vu mon ange hier soir… T’étais où ? Toi ? ». Tu devais attendre… T’as tenté… Comme moi… C’est con les messages de fois. Surtout quand on ne sait pas pourquoi on les envoie. Le cœur à chaque espoir me sort de la poitrine. Je l’ai pourtant enfermé pour éviter ce genre de choses… Parce que voilà, on sait bien qu’on en fait qu’à notre tête quand l’amour est plus fort… Un petit cœur qui se jette contre un mur de béton… Et si ce béton était du coton ? Quand je suis rentré, il y avait « The Drugs Don’t Work » qui passait. J’ai pleuré et je ne sais pas si c’était de joie ou de tristesse. Pourquoi je raconte tout ça ? Je n’en sais vraiment rien. Je ne suis plus rien… Sans toi.

18 octobre 2006

Cent vents, sans toi

Cette nuit s’avance et je ne dors toujours pas
Je pense à mille choses et ne rêve de rien
La place est encor chaude et le drap trop ancien
Il sent toujours la vie, cette mer d’ici-bas

Je me la rappelle, souviens-toi cette trique
Que tu tenais sans peine enfouie au fond de toi
Que tu voulais toujours, qui te laissait sans voix
Comme un bateau ancré, perdu dans cette crique

Et tu restais blottie, accrochée à ce mât
Attendant ce peut-être impossible : rester là
Ce rêve qu’on promet, ce La qu’on ne tient pas

Cette nuit s’avance et je rêve encore de toi
Toi qu’as plié cette voile comme un tréma
Et sous les vents d’octobre, je n’avance pas

Libellés :

17 octobre 2006

Si…

C’aurait dû être une autre histoire
C’aurait pu être notre histoire
C’aurait pu être une autre nuit
C’aurait dû être notre nuit

C’est toi qui m’avais dit la vie
Toi qui m’a fait croire à cette vie
C’est toi qui as tenu ma vie
Toi qui m’as fait croire à mon envie

Fut-il l’espace d’un instant
C’aurait pu être notre enfant
Toi qui me réinventais tant
C’aurait dû être mon enfant

T’aurais dû être une autre mer
T’aurais pu être notre mer
Tu m’aurais dit : tu m’aimes ?
Je t’aurais dit : je t’aime

Tu m’aurais dit : je sais pas
J’t’aurais juste dit : neuf mois
Tu m’aurais dit : je t’aime
Je t’aurais dit : je t’aime

C’aurait dû être une autre nuit
C’aurait pu être notre nuit
C’aurait pu être une autre histoire
C’aurait dû être notre histoire

Je t’aime

Libellés :

16 octobre 2006

Sans titre

Elle n’est rien que quelques lettres
Elle n’est pas même un peut-être
Elle vit à la marge
Elle sent le grand large

Elle vient d’un autre temps
Dans d’autres heures vivant
Elle est terre d’exil
Elle est terre d’asile

Petite voix de la nuit
Elle insuffle à la vie
Sa douce jeunesse
Sa fraîche tendresse

Petite goutte d’amour
Sucrée comme un petit four
Elle n’est que deux mots
Mais elle est déjà trop

Enfant venue de là-bas
Petite fleur qui est là
Elle sème ses anges
Sans tarir ses louanges

Nymphette venue du froid
D’un cœur elle me fera
Sortir des mes méandres
Renaître de mes cendres

Chaque fois de passage
Apprêtée de mots sages
Elle n’est rien que quelques lettres
Pas un oui mais un peut-être

Libellés :

13 octobre 2006

à pitite salamandre (parce que j'avais envie

Il est comme la neige
qui fond au soleil
Mais son sein n'est pas de glace
petit loup
au coeur tout mou

Libellés :

11 octobre 2006

Absinthe

Brouillon d'images naïves, enfantillage,
Tu es ingénue et douce comme du miel,
L'air jeune boudeur avec tes yeux vert au ciel,
Les mains jointes entre les genoux, vierge sage ;

Ton petit nez, tes lèvres roses ronchonnaient
Avec le charme simple de petite fille
Qui me séduit sans effort et qui me titille,
La moindre de tes bêtises je pardonnais ;

Un ange est passé doucement sur ton visage,
T'a dessiné tes fines lignes de gamine,
Et l'âge a pris soin de tes courbes féminines
Pour que tu aies la lente force d'un nuage ;

Fruit de l'alchimie, plus jolie que le grand ciel,
D'où venais-tu, ô muse au minois d'enfant ?
Discrète et facile, légère comme un faon,
Tu surpassais tous les appâts artificiels ;

La vie rose est trop monotone pour nous deux,
Trop morose le silence qui nous confronte ;
N'hésite pas et dis-moi ce qui te fait honte,
Chante-le sur des alexandrins amoureux ;

J'ai besoin de ta voix, me sentir près de toi,
Je veux percevoir ton souffle chaud sur ma peau,
Je voudrais juste que tu murmures les mots,
Pour pouvoir enlever mes murs et mes parois ;

Et dans la longue nuit bleue qui s'avancera
Baiser te peau d'abricot tu me laisseras.

Libellés :

09 octobre 2006

http://unehistoiresimple.blogspot.com/

06 octobre 2006

un peu de poésie

On rencontre de la poésie pas forcément là s'y attend

Libellés :

A celle qui me reviendra...

Mon rêve

Je rêve de toi, de tes yeux,

De ton corps que je ne sais pas,

D’être sur tes reins dans le creux,

De ne jamais revenir là ;

J’ai tant de chose à te dire,

A te murmurer dans l’oreille ;

Je veux partir et puis mourir

Dans le jardin des sept merveilles ;

Je te veux toi, pour toi, pour moi,

Portée toutes voiles dehors ;

Je voudrais et je ne veux pas

Que mon navire ne soit d’or ;

Je voudrais une mer houleuse

Qui nous emporterait très loin

Des habitudes ennuyeuses,

De ce habituel train-train ;

Je t’offrirai de belles fleurs

Qui fleuriront ton ventre rond ;

Je t’offrirai de longues heures

Ornées d’amour et de passion ;

Nous aurons quatre grands murs blancs

Que nous décorerons de roses,

Sentant des parfums inquiétants,

Qui nous sortiront du morose ;

Je t’emmènerai, tout là-haut,

Jusqu’à l’étoile où je suis né,

Dans les cieux les plus beaux :

Tu seras heureuse, juré !

Alors nous resterons là-bas,

Tous les deux pour toujours, enfin !

Et nous regarderons en bas,

Se fatiguer ces crétins ;

Et devant leurs visages blêmes,

Ils verront, ces cons, que je t’aime !

Libellés :

A celle qui m'a quitté...

Opium

Dans les odeurs de craie, de bois moisi par l’âge

On cherche une sortie, On cherche son nuage

On fuit tous ces nombres, on fuit toutes ces lettres

On n’y arrive plus, on ne sait plus où les mettre

Cette nue ne viendra si l’on ne vient à elle

Pour peu qu’elle cesse de séduire le ciel

Une enfant mince sous les voiles de satin

Ses cheveux étalés sur une mer de lin

Dort fermant ses yeux bleus, du sable aux paupières

Elle a laissé dehors son décor, ses barrières

Elle oublie et s’oublie dans son rêve naïf

Elle oublie et s’oublie dans ses plaisirs lascifs

Je ne veux pas te juger

Je ne veux pas t’oublier

Tu es ainsi que je t’aime

Quoiqu’au vent mauvais tu sèmes

Libellés :

04 octobre 2006

la suite

03 octobre 2006

un autre

un lien

20/09/2006 – Drôle de nuit, Drôle de journée

Je me suis réveillé ce matin avec des choses bizarres dans la tête. J’ai fait deux rêves bizarres. Le premier, c’est celui où je retournais voir D pour lui dire que je m’excusais des choses que je lui ai dites et que je la remerciais de ce qu’elle avait fait, c’est-à-dire, prendre la décision de me larguer du jour au lendemain : c’était courageux et franc. Le second, c’était celui où je revoyais C Elle revenait avec mon père et ma sœur à C et l’on s’embrassait sans même se poser de questions, ni se donner d’explication. Etrange alors que j’ai décidé de rompre cette relation. Il faut croire que je n’ai pas fait encore un trait définitif. Je sais que cette dernière remarque est hypocrite parce que je sais que je suis encore amoureux.

Je me suis levé et je regarde le temps au travers de la fenêtre de la salle d’eau. C’est étrange aussi, j’ai parfois l’impression qu’il suit l’ambiance qu’il y a dans mon cœur. Il y a du brouillard et il fait frisquet. A la radio, ils ont annoncé pourtant que cela serait une belle journée. Peut-être que mon âme se réchauffera.

J’ai toujours du mal avec la bouffe. Hier soir, j’ai pas mangé. Cela m’énerve mais en même temps, je ne peux pas y faire grand-chose. Faut que cela se passe. Je sais que cela va faire presque six semaines que ce manège alimentaire perdure et que cela n’est pas une bonne nouvelle. Mais je n’ai pas envie d’aller consulter le toubib. Pour lui dire quoi. Pour lui raconter que toutes les histoires de boulot, de vie personnelle et d’enterrements qui se succèdent en ce moment, m’affectent et ne m’aide pas à retrouver la force suffisante pour dégager cette déprime gluante. Tout cela est d’une clarté lumineuse : alors à quoi cela pourrait-il me servir ? Et pourtant, cela fait deux matins où j’ai l’impression d’être zen, d’avoir passé un cap. J’ai encore de petits tremblements dont je ne sais pas s’ils sont dans ma tête ou s’il sont physiques, mais je me sens plutôt bien.

Bien entendu que j’ai l’impression de m’être coupé un membre, mais il faut que je fasse avec. Il faut que j’arrive à me convaincre de cela. Il faut aussi que j’arrive à me convaincre que je ne suis pas coupable ou au moins, pas entièrement coupable de ces moments à oublier très vite. Enfin, voilà. J’arrête car cela ne me soulage en rien d’écrire cela. Pourquoi j’écris alors ? Parce que je ne veux pas oublier.

02 octobre 2006

Fiction de la réalité (extrait de roman)

La journée est interminable. Il a du boulot par-dessus la tête mais il n’arrive pas à se fixer. Le temps est bizarre. C’est long et court à la fois. Les heures défilent à toute vitesse mais il a l’impression que le temps a suspendu son cours. Il se dit que tout ceci est un cauchemar et par moment, il se dit que cela peut être aussi un espoir d’un retournement de situation qui arriverait en retard. Il ne sait pas s’il ne l’aime plus parce qu’autant, au fond de son cœur, cet espoir réchaufferait son cœur, autant dans sa tête, ce serait un peu comme si le cauchemar continuait. Tous ses sentiments et ses idées sont contradictoires. Il sait qu’il pourrait dire tout et son contraire dans une seule et même phrase. Il sait l’heure du rendez-vous. L’heure passe. Une autre heure et encore une autre. Pas de nouvelles. C’est quoi ce silence ? C’est le calme avant la tempête ou l’inverse. Il quitte le boulot. Les gens dans la rue lui semblent être des ombres, des pantins. Ou peut-être est-ce lui l’ombre et le pantin ?

Une fois chez lui, il se prend une bière. Pas de nouvelles. Il envoie un message. Il sait pas trop comment le tourner mais au bout de la dixième version, il finit par trouver une formulation qui lui paraît neutre. Il marque un temps d’hésitation avant d’appuyer sur le bouton [Envoyer]. Accusé. Puis deux heures passent. Il ne tient plus. Il appelle, laisse un message. Il ne sait plus depuis combien de temps quand le message tombe « Tu peux m’appeler ? ». Il appelle. Comme d’habitude, la conversation lui semble irréaliste. Elle lui dit que c’est confirmé : elle est enceinte. Et ? Que ce n’est pas lui le père. Et là, c’est un peu comme si deux mondes se mettaient à coexister dans sa tête. C’est à la fois, la sortie du tunnel et l’entrée dans un autre où normalement, il ne devrait pas mettre les pieds. Mais voilà, c’est un peu de cette histoire sans queue ni tête qui se poursuit.

Elle ne sait pas s’il faut qu’elle le garde. Elle en a envie mais elle n’aime pas le père. Elle ne peut pas en parler avec lui parce qu’il est forcément d’accord pour le garder. Il ne sait pas quoi lui dire sinon lui redire ce qu’il a essayé de lui faire comprendre pendant tout le temps de leur relation. Elle lui dit qu’il fait partie des seules personnes à la comprendre. Il tente de le cacher mais il pleure quand elle lui dit cela. Voilà toute la contradiction. Tout est dans le choix.

Quand il raccroche, il reste un moment immobile. Son cerveau se fige. Son cœur s’est remis à battre mais c’est l’incompréhension totale de la morale de cette histoire qui lui échappe. Il sait que les gens ne sont pas parfaits, ils peuvent être changeants et illogiques. Lui aussi est comme cela, sinon qu’il n’en serait pas arrivé là. Mais là, ce n’est plus de cela qu’il est question. Il n’y a pas de morale, ni vraiment de leçon à tirer de cette histoire. Du moins, pas tout de suite. Et puis si, en fait, juste choisir aurait changé le cours du récit. Ne pas rentrer dans cette histoire sans imposer en préalable ce choix. Ne pas laisser de côté les choses qui ne vont pas bien, choisir de les changer. Choisir. Choisir. Choisir. Juste cela.

Il a les larmes qui lui montent aux yeux. Son cœur fait des nœuds. C’est peut-être aberrant mais il aurait voulu que la réalité soit différente. Il a tellement rêvé de ce moment-là, que ce serait la plus belle chose de sa vie. C’est égoïste de penser cela. Il met sa tête sous l’oreiller pour que personne n’entende. Il pleure tout cela.